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Re:Les risques de l’acculturation massive de l’afrique noir

Publié : août 30, 10 10:02 am
par Wangrin
Reponse à Charlie Bronx/NegroAfricain:
 
Finalement, je me rends compte que nous parlons tous ici un dialogue de sourds. Expliquez-moi, SVP, l'incompatibilité entre vivre dans la modernité (portable, ordi, télé, distributeur automatique...) et être tout de même ancré dans sa culture (manger avec les doigts, parler sa langue maternelle, porter des tenues traditionnelles, faire des sacrifices de poulets par ex., faire la fête des ignames ou le gopo etc...).
 
Je crois lire que pour vous, la culture, c'est la pauvreté et la misère du village. Dans ce cas, la discussion sera toujours biaisée.

Re:Les risques de l’acculturation massive de l’afrique noir

Publié : août 30, 10 10:27 am
par Papa Danga
Hum! Bonne analyse, Charlie.

L'Afrique est très complexe. Riche de son passé, elle l'est aussi riche de son présent même si elle est pauvre parce qu'elle ne peut ni retourner au passé, ni rester comme ça, à moins qu'on l'y force, ce qui risque de devenir difficile à la longue, ne serait-ce qu'à cause de la mondialisation des marchés qui est là pour reste et qui est toujours à la recherche de travail moins cher.

Les Africains devraient être optimistes et remplis d'espoir mais désespèrent parce que les moyens ne suivent pas les compétences. Alors on s'expatrie de découragement et d'impatience, on s'aigrit et soit on rêve d'un retour à la gloire et à la pureté passées comme si on pouvait faire table rase de tous les changements structurels qu'ont subi les cultures au fil des décennies, soit on s'accuse d'être incapable et inapte à la modernité.

En apparence opposés, ces 2 courants sont en réalité le même.

Re:Les risques de l’acculturation massive de l’afrique noir

Publié : août 30, 10 11:58 am
par Charlie Bronx

Reponse à Wangrin:
Amadou Hampaté Bâ a dit : "Si je parle à quelqu'un et qu'il ne me comprend pas, je me tais et l'écoute. Car si je parviens à le comprendre, je saurais pourquoi il ne me comprenait pas." 

Je viens de te comprendre, un frère.

Non, la culture africaine n'est pas le rustique et le rudimentaire. La culture d'aujourd'hui est partout polyvalente, que ce soit en Afrique ou ailleurs. Elle comporte une part de tradition (en déclin partout) et une part de modernité (qui a été initiée et continue de l'être par certaines cultures que nous connaissons tous).

Je dis qu'on ne peut, en toute cohérence, réclamer l'intégrisme culturel et dans le même temps revendiquer le droit (pourtant universel, déjà) à faire usage de la technique produite par d'autres. Quand on n'aime pas quelqu'un, on n'aime pas sa chose non plus...

Je me permets alors de réfléchir un peu plus profondément à la question et je trouve une posture parfaitement cohérente : Ce que l'esprit humain crée, il le crée pour tous les humains. A preuve, même si la plupart des inventions viennent de la civilisation occidentale, au sein même de cette civilisation, des humains de toutes les races ont participé et participent brillamment à leur éclosion. La culture de tout le monde est en train de se moderniser, de se désethniser, pour devenir polyvalente. L'attitude qui consiste à hiérarchiser les cultures au sein même des Nations n'a pas lieu d'être. La culture traditionnelle ne vaut pas mieux que la culture moderne. S'il y avait besoin d'une hiérarchisation , je serais tenté de considérer que c'est la culture moderne qui est supérieure (puisqu'elle au moins génère de la valeur ajoutée, des emplois, des recettes fiscales, du rayonnement international,...). Le Zaouli n'est pas plus valable culturellement que le Kotéba, Isaie Biton Coulibaly ou même le nouchi (qui n'est en fait qu'un créole). Vu? Tout cela est de la culture Ivoirienne. Dire que cette forme (moderne) de culture ivoirienne n'est pas authentiquement ivoirienne mais que ce sont les masques, le kaolin, le tam-tam, l'excision (mettons y tout pendant qu'on y est) qui le seraient, est une attitude purement arbitraire.

Ce que j'écris est fondamental pour le développement national (je veux dire de la Nation en tant que telle). Eh oui, chers amis, car cela a de très fortes implications sociologiques. Cela signifie, in fine, que Mawa Traoré, par exemple, qu'on avait moqué parce qu'elle se clamait Dioula de Man, a bel et bien raison. Ses parents sont  certainement du Nord, mais elle, la personne dénommée Mawa, a bel et bien son histoire à Man. Sa culture s'y trouve aussi (tant ses traditions qui sont perpétuées notamment à l'occasion de cérémonies particulières comme les mariages et les baptêmes, que sa part de culture moderne et que, également, les traditions qu'elles a pu aimé chez les populations que sa famille a trouvé à Man). C'est tout ça qui forme sa culture et qui permet de dire que Mawa Traoré, malgré qu'on l'ait moqué pour cela, est bel et bien Dioula de Man. Tout comme les Sylla sont connus pour être de Gagnoa (même si leurs ancêtres viennent de Guinée), exactement comme les Thiam sont d'Abidjan et de Yamoussoukro, et que Salif N'DIAYE est de Gagnoa. La culture est mouvante et ne s'arrête jamais.

Mais à partir de l'instant où un individu proclame que sa seule culture authentique est celle qui lui vient du village de ses parents, il se met lui même en porte-à-faux par rapport à la modernité. Parce que le village de ses parents n'a, selon toute vraisemblance, pas participé à la construction de la modernité. Affirmer ensuite que la modernité n'appartient à la culture de personne (un peu comme certains considèrent qu'Abidjan n'appartient à personne) parce qu'on veut pouvoir en profiter la conscience tranquille malgré tout le mal qu'on en pense est tout simplement malhonnête intellectuellement.Les expressions comme "école de blanc" pour parler de l'enseignement officiel, ou "travail de blanc" pour désigner l'emploi salarié sont des propos par lesquels plusieurs africains s'excluent eux-mêmes de la marche moderne du monde. Certes, ces choses ont été créées chez les Blancs. Mais elles font aujourd'hui partie de notre culture d'Africains, et de citoyens du monde. La culture est dynamique. Personne n'aura exactement la même culture que ses enfants. Sinon, il n'y aurait jamais de conflit de générations.

Je crois que le problème, c'est l'intégrisme culturel professé par nombre d'africains. Mais véritablement, je ne sais pas d'où leur vient autant d'ardeur pour être si mal employée.


Publié : août 30, 10 12:00 pm
par Tipa
cricri a écrit :Reponse à Son Excellence Tipa:

Je ne suis pas d'accord avec certains mots de Charlie Bronx mais c'est son droit de penser de la sorte et de vivre sa vie comme bon lui semble.
L'Afrique est un continent avec 1 milliard, et il y aura forcement des différences d'opinion. Après tout, chacun a son vécu et sa vision des choses. So get over it.

 

Cricri,
Quand on dit "des gens comme Barc et Bronx, ne sont plus à convaincre", cela signifie t'il qu'on leur dénie le droit de vivre comme bon [leur] semble?


A Papy et a Négro:

Je me souviens de ce que disait Barclays hier, avant sa vaine mais ironique mutation en Négroafraicain. Nous avons eu plusieurs débats ici sur la notion de développement qui se résumait à ses yeux à reproduire à l'identique les infrastructures occidentales, les théories d'HSE.  Tous les modèles occidentaux étaient considérés comme l'aboutissement de la réussite humaine à reproduire en Afrique si nous aspirons au salut. Sans doute est il rentré de sa tournée, imbibé de remède anti sous développement à déverser généreusement sur notre continent.
Quand je lis aujourd'hui Charlie Bronx qui considère que nos cultures sont le frein à notre "développement" et qui traite de clown ceux qui auraient le mauvais goût de ne pas s'habiller à l'occidentale, je retrouve une version locale de Barc/Négroafricain. Je suis plus que jamais convaincu que, diversité humaine oblige, il en existe parmi nous qui préfèrent vivre dans la peau de l'autre puisqu'ils vouent une haine à la leur. A une exception près, quand elle se présente sous les formes arrondies d'une bobaraba! On ne peut indéfiniment étouffer le naturel.

Publié : août 30, 10 12:12 pm
par Charlie Bronx
Reponse à Son Excellence Tipa:
 
Je ne sais pas si tu le fais par méchanceté ou par rancoeur, mais il faut bien relire mes positions.
 
Je n'ai jamais tenu les propos que tu me prêtes.
 
Cela dit, tu nous parles du modèle occidental présenté par certains comme l'achèvement du développement. Je veux bien accepter en ton scepticisme. Mais je ne le comprendrais pleinement que lorsque tu me mettras un autre modèle sous les yeux.
 
Même les pays non occidentaux (Japon, Corée du Sud, Taiwan,...) qui les ont rejoint parmi les puissances développées ont adopté le même modèle de développement pour y arriver: industrialisation, Etat de droit, recherche scientifique,... Toi, ta proposition de modèle de développement, c'est quoi?

Publié : août 30, 10 12:15 pm
par Charlie Bronx
Pardon, je préfère :

Je veux bien accepter ton scepticisme. Mais je ne le comprendrai pleinement que lorsque tu me mettras un autre modèle sous les yeux.

Re:Les risques de l’acculturation massive de l’afrique noir

Publié : août 30, 10 12:28 pm
par cricri
Charlie Bronx a écrit :Reponse à Son Excellence Gnata:
 Revenir à ses racines n'est pas forcément mauvais, tant qu'on n'en fait pas une obligation morale pour chaque citoyen, comme aiment à le faire les africanistes. 


La ici tu as très bien parle et je te cosigne a 100 %. C'est ce qui me saoule avec certains africanistes. Ils sont la forcer leurs beliefs down other people's throats. On peut avoir lu tous les livres sur le sujet et ne pas y adherer. C'est aussi notre droit et notre liberte.

Publié : août 30, 10 12:32 pm
par cricri
Reponse à Son Excellence Tipa:

Si tu t'arroges le droit de les convaincre. Après tout, tu ne détiens pas la science infuse. Tu as ta vision et ils ont la leur. On peut trouver le juste milieu ou agree to disagree et laisser vivre leurs vies sans leur faire la morale comme si c'étaient des enfants.
 

Publié : août 30, 10 12:41 pm
par cricri
Reponse à Son Excellence Tipa:

Tu peux me citer d'autres peuples qui ont une autre idée de développement. Moi je vois que les Chinois, les Indiens, les Japonais, les Indonésiens ...etc , même en ayant leur propre culture (mais qui tend a se perdre, je ne vois pas beaucoup de Japonais en kimono) ont adopte le modèle occidental. Ce modèle n'est pas parfait mais il a de bons cotes. Je ne vois pas pourquoi ce sont les Africains, Ivoiriens dans ce cas, qui vont réinventer la roue, surtout si une partie de la population y aspire. On ne va pas jeter le bébé avec l'eau du bain
 

Re:Les risques de l’acculturation massive de l’afrique noir

Publié : août 30, 10 12:48 pm
par cricri
Reponse à Son Excellence Papy Cocody:

L'Afrique est très complexe. Riche de son passé, elle l'est aussi riche
de son présent même si elle est pauvre parce qu'elle ne peut ni
retourner au passé, ni rester comme ça, à moins qu'on l'y force, ce qui
risque de devenir difficile à la longue, ne serait-ce qu'à cause de la
mondialisation des marchés qui est là pour reste et qui est toujours à
la recherche de travail moins cher.


Je suis d'accord avec ça. Il ne faut pas oublier internet, le développement des technologies, des communications et les migrations humaines importantes.