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Entre les murs

Quel livre lisez-vous? Quel film vous a dernierement epate? parlons-en.
Essaba
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Entre les murs

Message par Essaba » sept. 27, 11 10:25 am





J'ai terminé de lire ce livre, dans la version Italienne, et j'ai trouvé beau le, sympathique, coulissant et réelle.. une coupe de société' avec tous son pour et son contre..Bonne lecture  ciao Essaba

 








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Retour sur la Palme d’or






François Bégaudeau, auteur d‘“Entre les murs” (le roman) : “L’école n’est pas un sanctuaire”


Avant d’être une palme d’or, “Entre les
murs” a d’abord été un roman publié en 2006, le troisième livre de
François Bégaudeau. Vif, drôle et juste, il avait été (dèjà) défendu
dans nos pages… avant d’obtenir le premier prix France-Culture-Télérama.
Nous republions la critique et un entretien avec l’auteur, prof de
français fan de rock.










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Le romancier François Bégaudeau joue son propre rôle dans le film de Laurent Cantet.


C’est un jeune écrivain (35 ans) talentueux qui n’a rien d’un
littérateur. C’est un intello malin dont la table de travail donne
directement sur la rue. Le tumulte du rock, les gestes du foot,
l’impureté du cinéma comptent autant pour lui que le roman. Jouer juste
(2003), son coup d’essai, mixait drôlement l’amour du ballon rond et
l’amour tout court. Un style qui fuse, un humour grinçant, une manière
très physique d’être obsessionnel : on fut d’emblée conquis (lire Télérama
n° 2801). Qui était donc ce Bégaudeau ? Un gars venu de la région
nantaise, fils d’enseignants, enseignant lui-même, qui a longtemps joué
dans un groupe de punk-rock, Zabriskie Point, et qui écrit régulièrement
dans les Cahiers du cinéma. Après Jouer juste est venu Dans la diagonale (2005), roman plus inégal sur une soirée avec d’anciens amis qui part en vrille. Et un petit bijou d’art mineur, Un démocrate, Mick Jagger 1960-1969, hagiographie laïque et délirante du chanteur des Stones.

Depuis un mois, notre lauréat passe à la télé ou à la radio dans pas mal de débats. Car, voilà, Entre les murs,
son dernier livre, qui démarre fort en termes de ventes, fait entendre
un son de cloche vraiment inédit sur des sujets qui intéressent tout le
monde, l’école en premier lieu. Pour en parler, Bégaudeau, prof dans un
collège dit « difficile » du 19e arrondissement de Paris, reprend les
choses à la base – la classe –, d’où peut jaillir la langue. Et offre un
récital vif, parfois brutal, de répliques. Un affrontement verbal
constant, phrases incorrectes et malentendus compris, où percent à la
fois le malaise et une formidable vitalité.

Il y a chez Bégaudeau un mélange d’arrogance libertaire et d’humilité.
Une volonté de vaincre qui ne veut pas du pouvoir. Partisan d’une
littérature offensive, il fait table rase du passé, fonce vers l’avant,
quitte à la jouer un peu musclée. Repousser jusqu’au bout la défaite
tant annoncée pourrait être sa profession de foi. La sinistrose ambiante
l’appelait, un peu comme Zorro il est arrivé.



A l’origine de votre livre, on sent une volonté d’aller à rebours du discours défaitiste sur l’école...

J’en avais assez de tous ces livres de profs qui, sous couvert de
raconter ce qui se passe, se réduisent à des essais au ton
apocalyptique. Ils ne racontent rien, en fait. Ils filtrent la réalité
pour la faire correspondre à leurs a priori idéologiques, le plus
souvent réactionnaires. Il y a un public pour ça, c’est dans l’humeur du
temps. Je m’en suis donc tenu au centre névralgique : la classe, et
j’ai pris le pari d’en donner la chronique. Etant prof de français dans
un collège extrêmement métissé, aussi peu « gaulois » que possible, je
suis à un poste d’observation privilégié de la société française, au
cœur des dysfonctionnements du système républicain.



Vous ne niez donc pas la crise de l’école...

Evidemment non ! Dans les années 60, Bourdieu et Passeron avaient déjà
montré que l’école ne faisait que reconduire les inégalités. Depuis,
certaines études montrent qu’elle tend même à les accentuer. En tout
cas, elle ne fait pas son boulot d’intégration et de promotion. C’est ce
hiatus entre les classes populaires et le monde auquel l’école devrait
leur permettre d’accéder que mon livre tente de saisir, à travers une
série de petites scènes. Prenons un exemple : l’enseignement du passé
simple. Quand j’étais gamin, petit Blanc, fils de profs, je le
connaissais le passé simple, je l’avais entendu dans la bouche de mes
parents, je l’avais lu dans les livres qui s’empilaient à la maison. Me
l’a-t-on vraiment enseigné ? N’ai-je pas plutôt récité ce que je savais
déjà intuitivement ? Quand on se retrouve devant Ndeyé ou Khoumba, face à
des élèves qui ne bénéficient pas de ce background culturel, dont les
parents ne sont pas francophones, on est totalement démuni. Sans doute
le passé simple n’a-t-il jamais été véritablement « enseigné », sa
pédagogie reste à inventer.



Votre livre est ainsi un constat d’échec du système
d’enseignement, mais il dégage une extraordinaire énergie, presque
physique...

La dimension physique est présente dans tout ce que je fais, je m’en
suis rendu compte en écrivant. Ce qui s’impose à nous d’abord, c’est le
corps. Tout est cousu, suturé à notre état physique. L’enseignant avec
un grand E, qui serait une sorte d’entité abstraite, n’existe
pas, et l’école n’est pas un sanctuaire : la classe sociale, l’ethnie,
le corps ne restent pas en dehors des murs. En tant que prof chargé de
conduire ses élèves vers la réussite scolaire et professionnelle, je
vois bien que le constat est négatif. En tant qu’homme et écrivain,
derrière les erreurs ou les difficultés des élèves, c’est la vie que je
vois, l’énergie que dégagent ces ados. Tout mon livre est construit
là-dessus, je puise directement dans ces moments d’affrontement qui sont
la vie même. C’est un tapis rouge pour un écrivain.



Cette énergie passe évidemment par la langue. Saviez-vous dès l’origine que les dialogues auraient autant d’importance ?

Je voulais rendre compte de séquences de cours, or ceux-ci n’existent
que dans la parole. J’ai donc vite pris conscience que les dialogues
seraient essentiels. La parole, de toute façon, m’intéresse depuis
toujours : comment les gens parlent, comment ils se comprennent ou pas.
Dans le livre, elle répond aussi à une volonté d’objectivité, un peu
comme au cinéma : s’en tenir à l’apparence des choses, à ce qu’on voit
et entend dans une classe, comment chacun se comporte, comment il bouge,
comment il s’exprime.



Comment avez-vous travaillé ?

Je me suis astreint à une sorte de défi : noter un fait par jour. Chaque
soir en rentrant, je prenais une demi-heure pour raconter un moment de
ma vie au collège, essentiellement ce qui s’était passé en cours. Après
j’ai ajouté la salle des profs, mais c’est la classe qui m’intéressait,
la grande absente des livres d’enseignants. En gros, ça a duré un an, je
prenais des notes, sans styliser, comme un journaliste pourrait le
faire. Je me suis alors retrouvé avec toute cette matière, que j’ai
montrée à un ami dans le goût duquel j’ai grande confiance. Cela peut
paraître anecdotique, mais pas tant que ça : je n’étais pas sûr de tenir
un livre. Rassuré, je me suis mis à tailler dans la matière, à
rapporter des choses qui n’y étaient pas, puis à disposer, à composer, à
mettre deux anecdotes en résonance, à créer des contrepoints entre les
profs et les élèves, tout un travail de montage, en fait.



Une des qualités du livre, c’est la justesse. Y a-t-il des
phrases, des répliques d’élèves ou de profs que vous avez reprises
telles quelles ?

Certains documents sont bruts de décoffrage. Au début du roman, par
exemple, je demande aux élèves de rédiger un court autoportrait. Sur les
dix que l’on peut lire, six sont réels, je les ai juste un peu amendés
pour des raisons de clarté. Les « fiches incidents » rédigées par les
professeurs sont également retranscrites telles quelles, fautes
d’orthographe comprises. Pas du tout pour me moquer de qui que ce soit,
simplement pour montrer que les lacunes en orthographe sont une des
tares les mieux partagées du monde. Et pour que les uns cessent de se
moquer des autres.



Ces moments de retranscription n’empêchent pas l’écriture d’être
travaillée. On y entend un rythme, quelque chose de très musical...

C’est compliqué, cette affaire, parce que c’est vrai : pour moi, la
musique est l’horizon ultime de l’écriture. Je suis précédé par la
musique, obsédé par le « roulement » de la phrase. Sans doute parce que
je viens de là, que j’ai joué dans un groupe. Quand j’ai écrit mon
bouquin sur Mick Jagger, je me suis évidemment attaché à la musicalité
de la langue, elle est enlevée, finalement assez proche du rock, c’était
la moindre des choses. Mais dans Entre les murs ! Comment
rendre l’oralité ? Comment transcrire la scansion des élèves, leur
accent, cette espèce d’arabo-banlieue-noir africain mâtiné de rap ?
Comment arriver à les sentir sans avoir les voix, les corps qui les
portent, à en restituer le rythme ? Je n’y suis pas arrivé, c’est
impossible. J’ai essayé de repérer des tics grammaticaux, la suppression
du « que », par exemple : « J’sais pas c’est qui », « Y en a ils disent vous êtes pédé »,
comme me lance un élève. Le travail de justesse, il peut être là, dans
le relevé de ces tics, de ces gimmicks de langue que la banlieue a fini
par constituer.



A la lecture, on peut dire qu’il y a une sorte d’adaptation littéraire du rap. Vous en écoutez ?

Peu. J’ai une petite passion pour Eminem, un rappeur blanc, comme par
hasard. Mais le rap m’intéresse. Moi qui suis très rock et notamment
rock des années 60, voire 70, finalement la mélodie me branche de moins
en moins. C’est justement la critique que les gens formés par la chanson
française font au rap : ce n’est pas mélodique. Et c’est vrai. Le rap
est du domaine de la scansion, c’est du parlé-chanté à la lisière de la
musique. Et c’est ce qui me plaît de plus en plus dans le rock. Mick
Jagger, auquel je me suis intéressé, n’est pas un grand mélodiste, à la
différence de Paul McCartney ou de John Lennon. Les Beatles sont
mélodistes, ils font de la pop. Les rockers ne le sont pas. James Brown,
ça n’a jamais été mélodique, c’est quelque chose de l’ordre de la
scansion et j’aime ça. J’aime cette énergie, c’est le corps qui parle.
Alors que la mélodie le bride, le « désanimalise » en canalisant
l’énergie vitale. De fait, ce qu’il y a du rap dans mon livre vient des
élèves, pas de moi. Ils ont une culture du « fight », de la lutte, une
économie de la parole dont le but ultime n’est pas de dire la vérité
mais d’avoir le dernier mot. Il se trouve que j’aime ça aussi, dans la
vie j’ai le goût de la lutte oratoire. Personne ne voulant perdre la
face, ça donne les scènes un peu « musclées » que l’on trouve dans mon
livre. A vivre, c’est un sale moment. A écrire, c’est un bonheur. C’est
la rédemption par la littérature !



Voilà dix ans que vous enseignez et vous n’écrivez ce livre que maintenant, après trois autres. Pourquoi ?

Ce livre est l’aboutissement d’une réflexion. Quand j’ai passé mes
premières notes à cet ami, j’étais en train de me convertir à l’idée que
restituer le réel pouvait être un programme pour une vie d’écrivain. Il
y a vingt ans, je ne l’aurais pas eue. Je viens d’une culture qui place
très haut Mallarmé et Blanchot, pour qui l’écrivain « n’a rien à dire »
mais « doit dire ce rien », c’est-à-dire d’une conception assez
minimaliste, « soustractive » de la littérature. En hypokhâgne, nous
lisions tous L’Ere du soupçon, de Nathalie Sarraute, soupçon
sur la réalité elle-même. Je viens de cette tradition qui doute de ce «
réel », qui pense que la littérature ne peut être que reconstruction, à
la manière de la littérature réaliste du XIXe siècle. Bref, pour moi, il
y avait la vie d’un côté et ce qu’on écrit de l’autre. Le bouquin sur
Mick Jagger a sans doute été une bascule. C’est une commande et je me
retrouve face à une sacrée charge de réel : un homme, un parcours, un
corps. Et je prends un tel plaisir à écrire ce livre, à essayer de
nommer Mick Jagger, que je me convaincs définitivement que oui, rendre
compte de mon quotidien de prof peut être un projet littéraire !

Et alors, entre votre passé de « soupçon » et votre envie de restituer le réel, vous vous en tirez comment ?

Eh bien je m’en tire avec le détail. C’est-à-dire qu’au lieu d’essayer
d’organiser la réalité comme le faisait Zola je pars du plus petit atome
de réel possible : des gestes, des paroles. Je ne sais pas si le réel
existe, je ne sais pas ce que je pense de l’école, je ne sais pas où va
la société française. En revanche, je sais comment se tient Sandra quand
elle parle et qu’elle vient à mon bureau. Je sais qu’elle a un pied sur
l’estrade et un autre sur le sol et que du coup apparaît son anneau au
nombril. Diviser le réel jusqu’au moment où il est indéniable, c’est
aussi une méthode scientifique.



C’est ce qui fait à la fois la modestie et la morgue de votre travail : vous partez du détail, mais avec beaucoup d’audace...

J’aime bien morgue et modestie, c’est un truc qui va bien au rock aussi.
Un rocker, c’est toujours un mélange d’immense arrogance et de grande
fébrilité. Moi aussi.




Propos recueillis par Michel Abescat et Jacques Morice





Le 28 septembre 2008 à 17h00







A LIRE :



“Entre les murs”, éd. Verticales, 271 p., 16,90 €.

http://www.telerama.fr/livre/francois-b ... p#/i#ed_cl#

































"Quand les blancs sont venus en Afrique, nous avions la terre et ils avaient la Bible.Ils nous ont demandé de prier avec les yeux fermés; quand nous avons ouvert les yeux, les blanc avaient la terre et nous avions la Bible." Jomo Kenyatta



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