Après un petit résumé du récit, les lecteurs pourront comparer trois opinions sur le nouveau roman de Moussa Konaté,
“La malédiction du Lamantin”
(Fayard Noir, 2009). La tribu des Bozos est une des plus anciennes du
Mali. Elle est sous la protection de Maa le Lamantin, le Maître des
Eaux. Le village de Kokri est le fief des Bozos. Mais ils s’installent
parfois au campement de Kokrini, près du fleuve Niger, à Bamako. Cette
nuit-là, orage et tempête pluvieuse se sont abattus sur la ville, avec
des allures de fin du monde. Au matin, on retrouve les cadavres
foudroyés de Kouata, vieux chef des Bozos, et de sa deuxième coépouse
Nassoumba. Chef de la brigade criminelle, le commissaire Habib Kéita,
assisté du jeune inspecteur Sosso, doit vérifier qu’il s’agit de morts
naturelles. Rien de moins sûr : si Kouata est décédé d’un arrêt
cardiaque, son épouse a été poignardée.
http://img.over-blog.com/265x421/1/65/6 ... KONAT-.jpg" class="GcheTexte" width="265" height="421">
Le commissaire Habib se renseigne sur le clan Bozos, dont les
traditions sont différentes de l’ethnie majoritaire malienne, les
Dogons. Par le guérisseur Zarka, ami de longue date de sa famille,
Habib obtient des précisions sur leurs coutumes. Sosso a retrouvé une
vieille cassette audio où un griot raconte le parcours de ce peuple.
Les ancêtres de Kouata ont toujours entretenu un lien fort avec Maa,
puissant Dieu des Eaux. Parmi les proches du chef des Bozos, restent
Kaïra, fille de Kouata et Nassoumba, et Djaaba, la troisième coépouse
que l’on décrit comme folle. Mais il y a également Sodjè, fils de la
défunte première coépouse de Kouata. Dans une grotte de la colline de
Koulouba, il dirige une secte aux rites violents, qui hait les Blancs.
Une délégation du clan s’invite chez Habib. Ils lui racontent la
malédiction qui frappe la lignée de Nassoumba, depuis qu’un aïeul et un
colonial ont voulu affronter Maa. L’épidémie de diarrhée qui sévit, et
la mort accidentelle de cousins de Kouata sont, selon eux, des signes
supplémentaires. Des indices rendent Sodjè de plus en plus suspect…
Par
commodité, les Occidentaux parlent souvent de “l’esprit africain” pour
évoquer rites et traditions du continent Noir. S’il est un auteur
capable d’exprimer profondément cet “esprit”, c’est évidemment Moussa
Konaté. Évitant tout cliché, il montre comment cohabitent la religion
musulmane et les fortes légendes tribales. On respecte Allah, mais
c’est avec Maa (le Génie des Eaux) que les rapports sont les plus
intenses pour le peuple Bozo. Même dans “l’acte criminel” en question,
cette spiritualité joue pleinement son rôle. L’enquête porte donc
autant sur les coutumes de la tribu que sur l’identité d’un coupable,
bien sûr. Soulignons aussi la complicité quasi-filiale entre son
adjoint Sosso et Habib, celui-ci apparaissant au plus jeune tel un père
spirituel. Ce qui suggère une autre tradition, la transmission du
savoir-faire. Si Habib et Sosso traversent des moments pénibles, on
sourit aussi. Le personnage d’Apété est savoureux, par exemple.
Bienvenue au Mali !
Confrontons mon opinion à deux autres
commentaires…
Sur le site de Yann Le Tumelin, Moisson
Noire,
la chronique signée Jeanjean : Konaté sait conter une histoire, et si
on peut lui reprocher d'être un peu trop didactique - les dialogues
ressemblent parfois à de courts exposés -, ses descriptions et ses
observations de la vie quotidienne, des coutumes et des croyances de
ses compatriotes (et ceux notamment appartenant à des ethnies au mode
de vie traditionnel et séculaire) sont toujours pertinentes. […]
Lire Moussa Konaté, c'est en
quelque sorte un remède contre l'occidentalo-centrisme. Au lieu des
pseudo-réponses définitives et simplistes qu'on nous assène si souvent
sur l'Afrique, ses romans, eux, donnent à voir, et font naître des
questions, que personnellement j'ai plaisir à laisser flotter un peu
sous la surface apparente des choses... Sur la part de vérité contenue
dans les légendes, sur l'idée de progrès et celle de modernité, associée trop souvent peut-être aux seules capacités techniques et technologiques, sur l'altérité […] http://moisson-noire.over-blog.com/arti ... ed_op#span style="font-family: verdana,geneva;">lire cet article
Sur son blog, Actu-du-Noir,
Jean-Marc Laherrère conclut : […] Malgré ces quelques réserves, je
conseillerais quand même cette lecture. Parce que l’auteur réussit
pleinement la description de la ville, et surtout de cette ethnie Bozo
partagée entre animisme et islam, vivant dans un monde moderne sans
avoir jamais perdu ses croyances. Parce qu’il nous fait voyager et
découvrir un monde qui nous est totalement inconnu. Parce qu’il nous
met fasse aux incompréhensions entre « l’école des blancs » et un autre façon de concevoir le monde, et qu’il le fait, justement, depuis l’autre rive, et pas, comme on en a
l’habitude, avec les réflexions de « l’école des blancs
». Parce qu’il le fait au moyen d’une belle écriture, adaptée au
propos. Parce qu’il est parfait quand il passe dans le registre du
conte […] http://actu-du-noir.over-blog.com/artic ... ed_op#span style="font-family: verdana,geneva;">lire cet
article http://action-suspense.over-blog.com/ar ... ml
style="margin-bottom: 0cm;" align="justify" lang="en-US">http://actu-du-noir.over-blog.com/artic ... ed_op#span
style="font-family: verdana,geneva;">