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Du rêve pour les oufs

Quel livre lisez-vous? Quel film vous a dernierement epate? parlons-en.
Essaba
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Du rêve pour les oufs

Message par Essaba » juin 12, 08 1:36 pm

Que drôle, en italien le livre a été traduit avec le titre Ahlème, presque français.
.
Mot de l'éditeur sur

"Du rêve pour les oufs"

de Fa%C3%AFza">http://recherche.fnac.com/ia534799/Faiz ... d_cl#Faïza Guene




Ahlème
a 24 ans. Elle vit à Ivry en banlieue sud avec « Le patron » (son père)
et Foued, son petit frère de 13 ans. « Le patron », personnage
loufoque, a perdu la boule il y a trois ans lors d’un accident de
chantier où sa tête a heurté une solive. N’ayant plus toute sa tête,
dépassé par les événements, c’est un « patron » dont l’autorité repose
avant tout sur Ahlème qui a fort à faire avec Foued, un vrai petit
chétane (voyou). La seule chose qui le retient de ne pas collectionner
les conneries (plus ou moins drôles et plus ou moins graves), c’est la
surveillance de sa sœur. Le problème est qu’elle aussi a fort à faire,
entre ses missions intérim (les comptages de clous chez Leroy Merlin),
les files d’attente à la préfecture pour renouveler sa carte de séjour
(tous les trois mois) et ses histoires d’amour foireuses (pourquoi ses
copines s‘entêtent-elles à lui présenter des ploucs ?). Malgré sa
vigilance, elle ne peut donc empêcher longtemps son petit frère de
glisser sur la mauvaise pente et va donc se défouler de plus en plus
souvent chez « tantie Mariatou », professionnelle du dicton et mère par
procuration. La sienne, la vraie, a été assassinée en Algérie en 1992.
Depuis, la vie de Ahlème c’est donc la France, le souvenir d’un bonheur
perdu et surtout l’espoir d’un bonheur à venir. Elle est encore jeune
et parfois naïve mais, souvent, elle a l’impression d’avoir vécu mille
vies. Sans doute un effet des délires du « Patron » et du déluge de
galères? Ainsi, elle apprend un matin que, suite à ses démêlés
judiciaires, Foued est menacé d’expulsion. Certains auraient baissé les
bras et arrêté de rire. Mais pas elle. Car, comme dit Tantie Mariatou :
« On a beau couper la queue du lézard, elle repousse toujours. »

Extrait du livre :

Il vient te chercher en bas de chez toi dans sa Ford Focus gris métal,
t'ouvre la portière, te demande si tu as passé une bonne journée, et te
complimente sur ta tenue vestimentaire. Toi, tu te sens belle, tu le
regardes amoureusement en te disant que tu es bien avec lui. Alors vous
sortez de la caisse, il se remet les burnes en place et il rote, toi,
tu trouves ça dégueulasse mais tant pis, tu le kiffes. Il utilise le
verrouillage centralisé à distance, tut-tut, par-dessus son épaule, tu
trouves ça super-classe, il est glamour, ça te plaît, tu l'aimes. Il
t'annonce qu'il t'emmène au resto, tiens, ça n'arrive pas souvent.
Comme tu regardes les films à l'eau de rose le dimanche après-midi à la
télévision, tu crois qu'il va te faire sa demande en mariage. Mais au
milieu de ta salade minceur, il t'explique qu'il a rencontré quelqu'un
d'autre, que c'est une nana géniale et qu'il s'en va avec elle à
Grenoble. Il plie bagage la semaine prochaine donc tu serais sympa de
lui rendre la perceuse qu'il t'a prêtée et tous ses disques de Barry
White. Et en passant, on partage l'addition ?
"Quand les blancs sont venus en Afrique, nous avions la terre et ils avaient la Bible.Ils nous ont demandé de prier avec les yeux fermés; quand nous avons ouvert les yeux, les blanc avaient la terre et nous avions la Bible." Jomo Kenyatta



Essaba
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Message par Essaba » juin 12, 08 1:38 pm

http://livre.fnac.com/a1846977/Faiza-Gu ... &Fr=-1

En 2004, Faïza Guène publie Kiffe kiffe demain. Deux ans après, elle “récidive” avec Un rêve pour les oufs. Entre-temps, la crise des banlieues. Les deux ouvrages jettent sur le phénomène une lumière particulière. Doria et Ahlème ne sont ni des théoriciennes ni des révolutionnaires. Simplement des enfants de ces zones dites sensibles dont elles décrivent le quotidien, les inquiétudes, les peines, les joies.
Doria, adolescente, vit seule avec une mère cassée par le départ de son mari. Elle est en échec scolaire. Mais sa vive intelligence se montre par une perspicacité sans indulgence face aux adultes qui jalonnent son parcours de vie. Elle épingle sans merci leurs comportements, leur langage, elle cherche à comprendre ce qui peut se cacher derrière leur motivation professionnelle. Ses professeurs la trouvent renfermée et l’envoient chez une psychologue. Renfermée, peut-être, Doria, mais nullement desséchée. Capable de dire un merci sincère à ceux qui lui offrent une aide, entièrement solidaire d’une mère dont elle vit la détresse et qu’elle pousse à s’alphabétiser. Une ironie contestataire se traduit chez elle par une humeur qui jaillit au fil de ses divagations avec un bonheur de formulation qui fait mouche. Du machisme de son environnement elle a bien conscience. Il ne l’accable pas. Naître fille, c’est une malchance de départ. Elle s’en accommodera. Il y a chez elle un dynamisme, une confiance en soi qui permettent d’espérer qu’elle ne se laissera pas enfermer dans le carcan de la soumission.
Ahlème, celle qui invite les “oufs” (les résignés, les abrutis à la cervelle obscure) à rêver, est elle aussi une enfant des quartiers. Le simple énoncé des faits qu’elle expose n’a pas besoin de commentaires. Il est à lui seul une dénonciation politique. Le style d’Ahlème est plein de verve et de drôlerie. Ahlème ne gémit pas, aucun lamento pour qu’on s’apitoie sur son sort. Elle raconte simplement : la queue interminable à 6 heures du matin, dans le froid, devant la préfecture de police, pour renouveler les papiers qui lui éviteront d’être renvoyée au bled (qu’elle a quitté depuis dix ans) et le regard indifférent de la préposée derrière le guichet ; la succession des boulots sans intérêt, payés une misère ; les interpellations et les contrôles dans la rue. Et ce sentiment, quand elle revient en Algérie pour de courtes vacances, de se sentir dissociée, de n’être plus ancrée nulle part, ni en France ni au bled. La situation familiale d’Ahlème est par ailleurs pesante : un père qui déraille depuis un accident de travail où il est tombé sur la tête, un jeune frère qu’elle a élevé après la mort de leur mère et qu’elle doit tenir d’une main ferme pour qu’il ne sombre pas dans la délinquance. Et ce gâchis trop souvent, ce parfum de mort. Mort de l’espoir pour le frère qui voudrait faire une section sport-étude et devenir footballeur professionnel, et dont le conseil de classe (“Tout le monde ne peut pas être Zidane”) se moque avec sadisme. Mort pour elle d’un amour à peine naissant pour un expatrié qui se fait piéger par une convocation bidon et renvoyer dans son pays d’origine (après que le ministère de l’Intérieur a nié le traquenard). Mais Ahlème ne capitule pas, elle vit pleinement, malgré tout, ce que la vie peut lui apporter d’heureux.
Le style de Faïza Guène, ce très jeune écrivain, est superbe. Il traduit au plus juste le langage des banlieues, sans jamais tomber dans les excès du pittoresque linguistique.
· Faïza Guène, Kiffe kiffe demain, Hachette littératures, 2004 ; Du rêve pour les oufs, Hachette littératures, 2006.

http://www.cairn.info/revue-information ... age-57.htm
"Quand les blancs sont venus en Afrique, nous avions la terre et ils avaient la Bible.Ils nous ont demandé de prier avec les yeux fermés; quand nous avons ouvert les yeux, les blanc avaient la terre et nous avions la Bible." Jomo Kenyatta



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