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Incitations au retour en France.

L'arbre à palabre où tous les problemes se reglent
Patriote
Incitations au retour en France.

Message par Patriote » déc. 11, 04 3:34 am

 Incitations au retour en France


Jeudi soir, le gouvernement français a débloqué 5 millions d'euros pour financer une «aide d'installation des réfugiés de Côte d'Ivoire confrontés à des difficultés importantes». La veille, le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, avait annoncé que les quelque 8 000 rapatriés de Côte d’Ivoire pourraient bénéficier de la loi adoptée en 1961 au profit du million de Français chassés par l’indépendance de l'Algérie. «Il s'agit d'une mesure d'ordre purement pratique» sans connotation politique, assure la diplomate française. Pour autant, après s’être longtemps refusé à ordonner l’évacuation, Paris tranche financièrement en faveur de la réinsertion en France et non point d’une aide à la réinstallation en Côte d’Ivoire. La France «n’a pas vocation à servir de gendarme en Afrique», assure Michel Barnier. Une page d’histoire coloniale pourrait se tourner avec la polémique sur la répression française des manifestations ivoiriennes de novembre.


Le 8 décembre, une réunion interministérielle «a préparé un décret étendant aux Français de Côte d'Ivoire le bénéfice de la loi du 27 décembre 1961 relative à l'accueil et à la réinstallation des Français d'outre-mer, qui avait été adoptée pour les Français d'Algérie», explique Michel Barnier qui renvoie à «la mission interministérielle aux rapatriés» le soin de définir «les modalités de l'aide qui sera versée à ceux de nos compatriotes qui ont tout perdu en Côte d'Ivoire». Même équitablement répartie entre les quelque 8 000 rapatriés de Côte d’Ivoire, l’enveloppe de cinq millions d’euros annoncée par le gouvernement français est d’une minceur extrême. Malgré tout, en l’absence d’une quelconque offre de solidarité nationale en vue d’une éventuelle réinstallation en Côte d’Ivoire, cette promesse d’aide ne laisse guère le choix aux désargentés et aux indécis. En un mois, le discours politique aussi a changé.


Jusqu’à récemment, la diplomatie française, et surtout le ministère français de la Défense ont minimisé la détérioration des relations franco-ivoiriennes, soufflant en même temps dans l’opinion française le chaud d’une mission humanitaire légitime et le froid d’une menace d’exactions anti-françaises, comme s’il ne pouvait exister également une opinion ivoirienne. Aujourd’hui, pour des raisons à nouveau «humanitaires» et non point politiques, selon la diplomatie française, les Français de Côte d’Ivoire entrent dans le champ d’une loi applicable lorsque «par suite d'événements politiques», des ressortissants français sont contraints de quitter «un territoire où ils étaient établis et qui était antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France». En Côte d’Ivoire, la souveraineté française ne faisait en effet aucun doute jusqu’en 1960.


«La vocation de la France n'est pas d'être le gendarme»


Venu défendre devant les sénateurs français le budget de son ministère, Michel Barnier s’est exprimé sur le dossier ivoirien, réaffirmant la volonté française de voir appliquer «tous les engagements pris à Marcoussis et à Accra, pour conduire des élections ouvertes à tous, pour engager réellement le désarmement dans un pays réunifié». Il a jugé utile de préciser que «en Afrique, la vocation de la France n'est pas d'être le gendarme, la vocation de la France est d'être le partenaire du développement, le partenaire de la paix, le partenaire de la stabilité de ce grand continent». Pour sa part, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, «souhaite que la page se tourne» en Côte d’Ivoire où, selon son porte-parole, Jean-François Bureau, environ un millier de militaires français venus en renfort au plus fort des émeutes anti-françaises «sont rentrés en métropole ou dans leurs garnisons» en Afrique.


Du statut de rapatriés d’Algérie au retour aux casernes métropolitaines, le vocabulaire colonial est reçu cinq sur cinq à Abidjan où derrière le «général de la rue», Charles Blé Goudé, les jeunes «patriotes» répètent qu’ils n’ont rien contre les Français de Côte d’Ivoire mais que l’armée française n’a «plus rien à faire dans notre pays» après avoir tiré sur des civils ivoiriens désarmés, en particulier début novembre, autour de la lagune Ebrié et de l’hôtel Ivoire. En France l’opposition socialiste et communiste demande une commission d’enquête parlementaire sur ces événements qui ont fait basculer les relations franco-ivoiriennes et leur image en Afrique. Pour sa part, le ministère français de la Défense estime qu’il «n'y a pas besoin de déclencher une enquête au sens quasi-théâtral du terme pour établir la façon dont les choses se sont passées». Mais, «bien entendu», il «apporterait son concours» aux Nations unies, le cas échéant. En attendant, à Ouidah, au Bénin où s’achevaient les exercices du programme de Renforcement des capacités africaines au maintien de la paix (Recamp), le nouveau chef d’état-major ivoirien, le colonel Philippe Mangou, a reçu l’accolade du général Henri Bentégeat, son «pair» de l’armée française qui encadre Recamp.


L'armée française devrait plier bagage


«Vous voyez, la photo avec le général explique tout», a ironisé le colonel ivoirien. Déjà chef de guerre sur le «théâtre des opérations», le colonel Mangou a été promu à la tête des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) après l’échec de leur opération «dignité», anéantie début novembre par la destruction de la flotte aérienne ivoirienne par l’armée française. «Cela explique que nous sommes tournés vers l'avenir», a pudiquement commenté le général Bentégeat. De son côté, le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly, remonte au créneau des accords de défense franco-ivoiriens. L’armée française «devrait immédiatement plier bagage», dit-il en s’interrogeant plus largement sur les accords de coopération entre les deux pays.


«Pourquoi la France voudrait-elle, par exemple, que toutes les ressources naturelles, tous les marchés publics, tous les projets de développement lui soient attribués en priorité, avant tous les autres pays du monde», s’interroge Mamadou Coulibaly, qui entend également «demander à la France la fin du contrat colonial», dans une interview au quotidien français Sud-Ouest. Et le président de l’Assemblée nationale ivoirienne d’interpeller le reste de l’Afrique francophone, à commencer par les Gabonais car, dit-il, «le jour où ils voudront regarder de près comment leur pétrole est géré, ils trouveront sur leur chemin l'Etat françaisles mêmes chars que nous avons à Abidjan seront à Libreville, au nom de la défense des intérêts français».


«Pourquoi est-ce que les citoyens français qui habitent ici doivent payer les erreurs de l'Etat français», demande à ses compatriotes la star ivoirienne du reggae, Alpha Blondy, interrogé par l’Agence France Presse. «Est-ce que le gouvernement français va dédommager les familles des enfants sur lesquels ils ont tiré ? Et le gouvernement ivoirien, va-t-il dédommager les familles françaises pillées? Je souhaiterais que les deux gouvernements paient, car les deux chefs de l'Etat se sont comportés en irresponsables», accuse le chanteur. Jadis, Alpha Blondy mis feu Houphouët-Boigny en musique. Aujourd’hui, il renvoie Paris et Abidjan dos à dos. Lui-même n’est plus vraiment en odeur de sainteté en Côte d’Ivoire. Mais il a choisi d’y rester et il s’indigne de l’action militaire française. «Monsieur Chirac, avant de donner l'ordre de démolir l'aviation, aurait dû penser aux Français qui sont là», dit-il en ajoutant, «comment une armée peut-elle tirer à balles réelles sur des gens, certes surexcités. En Europe, ce serait inconcevable. Pourquoi l'ont-ils fait sur des Ivoiriens». 


Monique Mas
Article publié le 10/12/2004
Dernière mise à jour le 10/12/2004 à 18:24 (heure de Paris)