PART1&3:DEMENTELEMENT DES ETATS AFRICAINS PAR LA FRANCE ET LA MISE A MORT DES ELITES PANAFRICAINES
Publié : nov. 22, 20 10:54 am
Commencions nos propos par cette pensée pleine de sagesse :
« Nan lara, an sara ». [Si on se couche, on est mort.] Joseph Ki-Zerbo.
Le 29 avril 2018, l’homme d’affaires breton et milliardaire français Vincent Bolloré signait une tribune très remarquée dans le Journal du Dimanche (JDD) où il s’interrogeait en ces termes : « Faut-il abandonner l’Afrique ? ». Un questionnement qui faisait suite à sa garde à vue (ô sacrilège !), suivie d’une mise en examen par la justice française. Les juges français Aude Buresi et Serge Tournaire du pôle financier de Nanterre lui reprochent des faits de:
• « corruption d’agents publics étrangers »,
• « complicité d’abus de confiance »
• « faux et usage de faux ».
En langage simple, Vincent Bolloré, douzième fortune de France, est accusé par la justice d’avoir sous-facturé les campagnes électorales des présidents togolais et guinéen afin de bénéficier de juteux contrats portuaires. Ce billet vise à répondre aux propos colonialistes du milliardaire français et surtout contribuer à mieux contextualiser l’idée qu’il se fait de l’Afrique et des Africains…
Poncifs colonialistes et occultations à souhait :
Vincent « l’Africain » fait du Bolloré ! Difficile exercice intellectuel que celui d’un capitaine d’industrie ivre de milliards, arrogant jusqu’à la caricature et supportant à peine le toupet des juges français, ces « petits juges », qui cherchent à comprendre l’envers sombre de son empire africain. À défaut d’un sincère mea culpa sur sa « méthode commando » faite de violences, d’illégalités et de connivences, un classique en françafrique !, la tribune de Vincent Bolloré restera surtout une séquence d’hypocrisie, de condescendance et de poncifs colonialistes à l’égard des Africains. Parfois, les faits sont soigneusement segmentés, occultés et présentés sous le registre de la « philanthropie » à l’égard de l’Afrique qualifiée de « continent d’avenir » riche bientôt de « 2 milliards d’habitants » en 2050. Ainsi, le groupe familial qui sera bicentenaire en 2022 (sa création remonte à 1822 à Ergué-Gabéric en Bretagne) dit avoir consacré à l’Afrique sur plusieurs décennies « 4 milliards d’euros » d’investissements alors que ce chiffre est totalement contesté par Jeune Afrique (avril 2018), qui avance plutôt un montant compris entre 1,5 à 2 milliards d’euros.
De plus, Vincent Bolloré occulte volontairement de mentionner les profits mirobolants qu’il retire de ses activités africaines. En réalité, l’Afrique est la véritable machine à cash du groupe qui investit à peine dans ses concessions portuaires connues pour opérer avec des grues usagées et souvent en panne. Les exemples des terminaux à conteneurs des ports de Douala et Libreville pratiquant des tarifs abusifs, ruineux pour des prestations médiocres (longs délais d’attente, avaries, monopoles, non- respect du cahier des charges…) sont très illustratifs de cette logique prédatrice en Afrique. Par ailleurs, une étude de la BNP-Paribas menée voilà 5 ans déjà, nous apprend que le groupe Bolloré réalise 20% de son chiffre d’affaires en Afrique mais y dégage surtout plus de 80% de ses bénéfices. Tenez, en 2017, le groupe Bolloré a réalisé un chiffre d’affaires global de 18,3 milliards d’euros (intégration de Vivendi depuis avril 2017 dans les comptes) dont 5,76 milliards d’euros rien que pour la branche Logistique et Transport, largement tributaire de ses concessions africaines, pour un bénéfice net de plus de 699 millions d’euros, (Challenges, 22 mars 2018). C’est aussi en Afrique que Canal +, « la télé Bolloré » a réalisé un chiffre d’affaires de 511 millions d’euros en 2017 contre 450 millions d’euros, l’année précédente, passant ainsi de 2,8 millions d’abonnés fin décembre 2016 à près de 3,5 millions d’abonnés un an plus tard (Agence Ecofin, février 2018). C’est donc l’Afrique et les Africains qui enrichissent grassement Vincent Bolloré.
Plus loin, « Vincent l’Africain » affirme : « 30 000 familles vivent du travail de nos entreprises ». Rien que ça ! Mais dans quelles conditions travaillent ces familles sommées de signer des clauses scandaleuses de confidentialité ? Les employés camerounais de la Camrail, l’opérateur ferroviaire, végètent dans une misère effroyable, condamnés qu’ils sont à rouler des trains usagés, sans freins, véritables cercueils ambulants sur des rails datant de l’époque de la colonisation allemande dans ce pays !
« On y imagine des chefs d’Etats décidant seuls d’accorder des contrats mirobolants à des financiers peu scrupuleux » poursuit le tycoon français ! Quel incroyable aveu ! Voilà plus d’une décennie que Bolloré obtient des juteuses concessions grâce à des décrets présidentiels. Rappelons que les présidents africains Laurent Gbagbo en 2004 avec le terminal de Vridi 1, Faure Gnassingbé en 2009 au port de Lomé, Alpha Condé au port de Conakry en 2011, Boni Yayi / Issoufou en 2015 (rails Bénin-Niger) lui ont remis en gré à gré, des marchés publics très rentables. Et la liste est loin d’être exhaustive. A propos de la concession du terminal de Vridi 1, Anaky Kobena, ministre ivoirien des Transports au moment des faits, dira en 2004 que la concession offerte au groupe Bolloré est sans aucun doute la « plus grande arnaque financière » du pays (All Africa 2004/05) !
« Nan lara, an sara ». [Si on se couche, on est mort.] Joseph Ki-Zerbo.
Le 29 avril 2018, l’homme d’affaires breton et milliardaire français Vincent Bolloré signait une tribune très remarquée dans le Journal du Dimanche (JDD) où il s’interrogeait en ces termes : « Faut-il abandonner l’Afrique ? ». Un questionnement qui faisait suite à sa garde à vue (ô sacrilège !), suivie d’une mise en examen par la justice française. Les juges français Aude Buresi et Serge Tournaire du pôle financier de Nanterre lui reprochent des faits de:
• « corruption d’agents publics étrangers »,
• « complicité d’abus de confiance »
• « faux et usage de faux ».
En langage simple, Vincent Bolloré, douzième fortune de France, est accusé par la justice d’avoir sous-facturé les campagnes électorales des présidents togolais et guinéen afin de bénéficier de juteux contrats portuaires. Ce billet vise à répondre aux propos colonialistes du milliardaire français et surtout contribuer à mieux contextualiser l’idée qu’il se fait de l’Afrique et des Africains…
Poncifs colonialistes et occultations à souhait :
Vincent « l’Africain » fait du Bolloré ! Difficile exercice intellectuel que celui d’un capitaine d’industrie ivre de milliards, arrogant jusqu’à la caricature et supportant à peine le toupet des juges français, ces « petits juges », qui cherchent à comprendre l’envers sombre de son empire africain. À défaut d’un sincère mea culpa sur sa « méthode commando » faite de violences, d’illégalités et de connivences, un classique en françafrique !, la tribune de Vincent Bolloré restera surtout une séquence d’hypocrisie, de condescendance et de poncifs colonialistes à l’égard des Africains. Parfois, les faits sont soigneusement segmentés, occultés et présentés sous le registre de la « philanthropie » à l’égard de l’Afrique qualifiée de « continent d’avenir » riche bientôt de « 2 milliards d’habitants » en 2050. Ainsi, le groupe familial qui sera bicentenaire en 2022 (sa création remonte à 1822 à Ergué-Gabéric en Bretagne) dit avoir consacré à l’Afrique sur plusieurs décennies « 4 milliards d’euros » d’investissements alors que ce chiffre est totalement contesté par Jeune Afrique (avril 2018), qui avance plutôt un montant compris entre 1,5 à 2 milliards d’euros.
De plus, Vincent Bolloré occulte volontairement de mentionner les profits mirobolants qu’il retire de ses activités africaines. En réalité, l’Afrique est la véritable machine à cash du groupe qui investit à peine dans ses concessions portuaires connues pour opérer avec des grues usagées et souvent en panne. Les exemples des terminaux à conteneurs des ports de Douala et Libreville pratiquant des tarifs abusifs, ruineux pour des prestations médiocres (longs délais d’attente, avaries, monopoles, non- respect du cahier des charges…) sont très illustratifs de cette logique prédatrice en Afrique. Par ailleurs, une étude de la BNP-Paribas menée voilà 5 ans déjà, nous apprend que le groupe Bolloré réalise 20% de son chiffre d’affaires en Afrique mais y dégage surtout plus de 80% de ses bénéfices. Tenez, en 2017, le groupe Bolloré a réalisé un chiffre d’affaires global de 18,3 milliards d’euros (intégration de Vivendi depuis avril 2017 dans les comptes) dont 5,76 milliards d’euros rien que pour la branche Logistique et Transport, largement tributaire de ses concessions africaines, pour un bénéfice net de plus de 699 millions d’euros, (Challenges, 22 mars 2018). C’est aussi en Afrique que Canal +, « la télé Bolloré » a réalisé un chiffre d’affaires de 511 millions d’euros en 2017 contre 450 millions d’euros, l’année précédente, passant ainsi de 2,8 millions d’abonnés fin décembre 2016 à près de 3,5 millions d’abonnés un an plus tard (Agence Ecofin, février 2018). C’est donc l’Afrique et les Africains qui enrichissent grassement Vincent Bolloré.
Plus loin, « Vincent l’Africain » affirme : « 30 000 familles vivent du travail de nos entreprises ». Rien que ça ! Mais dans quelles conditions travaillent ces familles sommées de signer des clauses scandaleuses de confidentialité ? Les employés camerounais de la Camrail, l’opérateur ferroviaire, végètent dans une misère effroyable, condamnés qu’ils sont à rouler des trains usagés, sans freins, véritables cercueils ambulants sur des rails datant de l’époque de la colonisation allemande dans ce pays !
« On y imagine des chefs d’Etats décidant seuls d’accorder des contrats mirobolants à des financiers peu scrupuleux » poursuit le tycoon français ! Quel incroyable aveu ! Voilà plus d’une décennie que Bolloré obtient des juteuses concessions grâce à des décrets présidentiels. Rappelons que les présidents africains Laurent Gbagbo en 2004 avec le terminal de Vridi 1, Faure Gnassingbé en 2009 au port de Lomé, Alpha Condé au port de Conakry en 2011, Boni Yayi / Issoufou en 2015 (rails Bénin-Niger) lui ont remis en gré à gré, des marchés publics très rentables. Et la liste est loin d’être exhaustive. A propos de la concession du terminal de Vridi 1, Anaky Kobena, ministre ivoirien des Transports au moment des faits, dira en 2004 que la concession offerte au groupe Bolloré est sans aucun doute la « plus grande arnaque financière » du pays (All Africa 2004/05) !